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Jour du Souvenir ou souvenons-nous de nos héros

par Nasra Sabrina Ibrahim

L’Holocauste, la Shoah, l’Armistice… des termes qui sont inconnus de certains et plus ou moins connus par d’autres. Nous les entendons beaucoup dans la période précédant le jour du souvenir. Ces notions sont bien plus que des sujets d’étude. C’est un passé tragique, une expérience dramatique vécue par des millions d’êtres humains il y a 75 ans. En effet, toutes ces notions sont liées à une des tragédies les plus marquantes de l’Histoire : la Seconde Guerre mondiale.

Cette période sombre de l’Histoire a marqué la mort de plusieurs millions d’hommes, de femmes et d’enfants. Et parmi les victimes de ce conflit, on peut compter des milliers de soldats canadiens. Sur le million de soldats canadiens déployés, 45 000 sont morts. De plus, 55 000 sont revenus été blessés des différents champs de bataille.

Pour que jamais personne n’oublie ou ne reproduise ce genre de confrontation meurtrière, plusieurs pays du monde impliqués à l’époque ont décidé de se donner un devoir de mémoire. Une commémoration annuelle connue au Canada sous le nom de semaine du souvenir. Une semaine qui se finit par une journée spéciale : le jour du Souvenir et son fameux coquelicot.

Si je vous en parle, c’est parce que cette période de recueillement mondial est à nos portes. En effet, du 5 au 11 novembre, les coquelicots, naturels ou artificiels, jailliront par millions. Ils seront sur les cols à revers et boutonnières des Canadiens et des Canadiennes une semaine avant le jour du souvenir.

Le coquelicot pour se souvenir. Oui. Mais pourquoi ?

« Sous les rouges coquelicots des cimetières flamands, Qui parmi les rangées de croix bougent dans le vent, Nous sommes enterrés… »

Traduction du poème « In Flanders Fields » du lcol. John McCrae

Moi et mon équipe du répertoire nécrologique web Le Nécrologue nous sommes posé la même question. De ce que j’ai pu lire, cette association entre la fleur et la guerre remonte à des centaines d’années dans la région française des Flandres. Là-bas, durant les guerres napoléoniennes, les champs dont on disait que la terre était stérile avant la guerre se sont retrouvés recouverts de fleurs carmin après la fin des batailles puisque les sols calcaires sont devenus riches en chaux en raison des bombardements. Ces boutons rouge sang qu’on aborde aujourd’hui ont été l’inspiration d’un poème devenu culte et d’une culture du souvenir pour un passé douloureux. Pour en lire plus sur le sujet et comprendre pourquoi le coquelicot est un tel symbole pour les Canadiens, n’hésitez pas à lire l’article suivant.

Le coquelicot n’est pas la seule fleur à mériter les honneurs de symbole de souvenir. Il y a aussi :

Le myosotis pour la commémoration
romarin, symbole du souvenir
Le romarin pour la commémoration
laurier, symbole du souvenir
Le laurier pour la victoire
Les tulipes pour la gratitude
Les marguerites pour l’espoir et la résistance
mauve en arbre ou hibiscus, symbole du souvenir
Le mauve en arbre ou Hibiscus pour la résilience
feuille d'érable, symbole du souvenir
La feuille d’érable pour le patriotisme

Pour plus de détails sur chacune de ces fleurs, n’hésitez pas à parcourir le site suivant.

Se souvenir du passé. Oui. Mais de quoi exactement ?

Tous les ans, le gouvernement canadien choisit de célébrer un moment précis des différents conflits de l’Histoire auxquels les Canadiens ont pris part. Cette année, cette célébration des efforts de guerres passées devait se centrer autour du 75e anniversaire de la Deuxième Guerre mondiale qui a pris fin officiellement le 15 août 1945 avec la capitulation du Japon. Pour ce qui est de la commémoration de cette année, voici dans les grandes lignes, les différents moments clés de la guerre auxquels les Canadiens ont pris part :

La bataille de l’Atlantique : il s’agissait pour les Alliés, ou l’Allemagne de contrôler l’océan Atlantique pour assurer stratégiquement leurs transports. La Marine marchande du Canada, la Marine royale du Canada (MRC) et l’Aviation royale du Canada (ARC) ont joué un rôle crucial dans cette victoire en mer.

Source : Gouvernement du Canada

La bataille d’Angleterre : durant le Blitz, campagne de bombardements stratégiques durant la Seconde Guerre mondiale menée par l’aviation allemande contre le Royaume-Uni, le Corps d’aviation royal canadien (CARC) et Royal Air Force se sont engagés à protéger le peuple britannique. Et leurs efforts ont payé, malgré de lourdes pertes dans leur camp durant les 9 mois qu’a duré cette opération.


Source : Aviation royale Canadienne

Les batailles en Asie : dès le début de la Guerre, les Forces canadiennes sont impliquées dans cette partie du monde. Et un escadron en particulier jouera un rôle déterminant dans la une des étapes de la guerhttps://blogue.lenecrologue.com/wp-content/uploads/2020/11/re contre les Japonais : un message du commandant d’aviation Leonard Birchall, pour aviser les Alliés de l’approche d’une flotte japonaise vers l’île qu’ils défendaient, leur parvient et leur permet, avec succès, de se préparer à repousser l’attaque. Birchall et son équipage deviennent ainsi « les sauveurs du Ceylan ». Mais ce n’est là qu’un des exemples qui démontre la bravoure et l’engagement des troupes canadiennes durant ces conflits en orient. Ils ne prendront fin qu’avec les bombardements atomiques sur les îles nippones.


Source : Encyclopédie canadienne

Le raid de Dieppe : avec la presque totalité de l’Europe continentale sous contrôle des Allemands, les Alliés se devaient de faire une tentative pour reprendre un peu le contrôle du terrain. Ce raid était aussi une opportunité de tester l’efficacité de leurs nouveaux matériels en vue du Jour J. Il s’agit du jour le plus sanglant pour les troupes canadiennes (4 963 Canadiens embarqués au départ pour seulement 2 210 au retour, dont bon nombre de blessés). Aujourd’hui encore, beaucoup débattent sur de la nécessité de ce raid. Certains le considèrent comme un carnage inutile alors que pour d’autres cette opération était indispensable au succès de l’invasion qui a eu lieu deux ans plus tard.

Source : Anciens Combattants Canada

La campagne d’Italie : avec l’Europe quasiment entièrement occupée par l’Allemagne, et les conflits qui s’intensifiaient du côté oriental du continent, de Joseph Staline, dirigeant soviétique, a sollicité l’aide des dirigeants alliés pour réduire la pression que subissait ses troupes sur les territoires ennemis. C’est ainsi que les Canadiens, comme les autres alliés ont, pendant les 20 mois de cette campagne, persisté à essayer de détourner l’attention des forces allemandes du front oriental en focalisant leurs attaques sur les territoires ennemis d’Europe à partir de l’Italie (qui s’était alignée avec l’Allemagne). Une opération difficile qui s’est certes déroulée dans la pluie et sous la boue, mais a été une réussite au final.

Source : Centre Juno Beach

La bataille de Normandie : le 6 juin 1945, aussi appelé le Jour J, a lieu l’opération Overlord, nom de code de la plus grande invasion amphibie jamais réalisée. Les forces alliées attaquent les défenses allemandes le long des plages françaises de la Normandie. Leur objectif : se frayer un chemin vers l’Allemagne. Cette tâche colossale est loin d’être évidente face à la forteresse de canons, de casemates, de barbelés à lames, de mines et d’obstacles installés sur les plages par les Allemands. Mais, contre toute attente, les Alliés l’emportent. Mais à quel prix pour le Canada ? À la fin du débarquement, les pertes sont lourdes : plus de victimes comptabilisées dans leurs rangs que dans toute autre division du groupe de l’Armée britannique.



Source : Encyclopédie canadienne

La bataille de l’Escaut : ravitailler les troupes en temps de guerre de cette échelle est primordial. Malheureusement pour les Alliés, la défense allemande s’était approprié les berges de la rivière Escaut et occupait par la même le port d’Anvers. La Première armée canadienne a été celle qui a mené bien cette mission à partir du 2 octobre 1944. Ses actions ont permis de déloger l’occupant pour que les forces alliées puissent poursuivre la libération de l’Europe de l’Ouest qui était occupée par les troupes d’Hitler depuis en avril 1940.

Source : Centre Juno Beach

La libération des Pays-Bas : le peuple néerlandais qui souffrait de la famine et d’autres privations sous le contrôle des Allemands seront pour toujours reconnaissants des efforts fournis par l’armée canadienne et dur rôle important qu’elle a joué un rôle dans la libération de leur pays.

Source : Encyclopédie canadienne

Ce conflit semble lointain et cette liste des conflits peut vous paraitre un peu trop factuelle. Donc, au lieu de vous en tenir à cette description plutôt générale des faits, je me dis que ce serait bien plus intéressant pour vous d’écouter ou de lire de témoignages d’anciens vétérans. Et, pour ce faire, voici un des sites que j’ai consultées.

Par ailleurs, un point est évident : l’effort de guerre n’était pas une exclusivité des militaires sur le terrain, mais bien un effort collectif de la population. Alors, si vous avez la chance d’avoir dans votre entourage une personne qui a vécu ou subi les répercussions de cette époque n’hésitez pas à chérir son histoire et à nous partager son récit en commentaire pour que nous puissions tous en profiter et honorer, ensemble, le passé de votre être cher.

Se souvenir des actes. Oui. Mais comment ?

Afin de célébrer les vétérans et leur héroïsme, passé présent et futur, plusieurs activités sont mises en place au Canada :

  • Des affiches originales produites par Anciens Combattants Canada (ACC) pour promouvoir le jour du souvenir et cette semaine chère à leur cœur sont disponibles en ligne et peuvent être commandées sous format carte postale. L’objectif de l’ACC est clair sur leur site :

« En nous souvenant de leurs contributions, autant passées qu’actuelles, et en réfléchissant à leur importance, nous renforçons notre engagement à préserver les valeurs au nom desquelles ils ont combattu et péri — la vérité, la justice, la paix, la liberté et le savoir. Au fil des ans, les affiches ont été de nature artistique et photographique. Certaines soulignaient des batailles ou de grands événements historiques, alors que d’autres portaient sur des aspects très personnels de la guerre et de la paix. La première affiche remonte à 1982. »

Pour apprécier la beauté de ces affiches et leur métamorphose dans le temps, n’hésitez pas à aller jeter un coup d’œil sur leur site en cliquant sur le lien suivant.
  • Des activités de rassemblements annuels de vétérans, de citoyens et de touristes sont également prévues dans chaque province.

Cette année, malheureusement, la COVID-19 empêche les regroupements de grande envergure pour le jour du souvenir. Le programme a donc dû être adapté en conséquence. C’est le cas, par exemple, dans la capitale nationale. De fait, à Ottawa, la Légion royale canadienne encourage un hommage virtuel des anciens combattants. Cliquez ici pour en savoir plus.

Toutefois, présenter ses respects en ligne ne change pas le fond des choses, car le but demeure le même. Ainsi, pour que chacun puisse savoir comment célébrer ceux qui se sont sacrifiés au nom de la paix, le gouvernement met à la disposition de chacun, sur ses plateformes virtuelles, les ressources matérielles nécessaires pour comprendre l’implication des Canadiens dans chaque conflit dont nous choisissions de nous rappeler, ensemble, chaque année. À nous d’en tirer profit, au mieux, pour comprendre, apprécier et remercier leur sacrifice.

Se souvenir des guerres. Oui. Mais pourquoi ?

« Aux générations futures, je dirais : soyez les messagers de la paix… Soyez les passeurs de la mémoire de la Grande Guerre, car cette tragédie ne devra jamais être oubliée. Sinon elle risque de recommencer. »

Cette citation de Charles Kuentz, dernier vétéran français de l’Armée impériale de Guillaume II, résume assez bien la pensée derrière le principe de commémoration évoquée par le jour du souvenir.

Le but du jour de souvenir est en premier lieu de rendre hommage à ceux qui ont servi le Canada, hier et aujourd’hui, en temps de guerre, de conflit militaire ou de paix. Au-delà de ça, cette commémoration sert de rappel pour que ce genre de catastrophe ne se reproduise plus. Une utopie peut-être quand on voit ce qui se passe dans le reste du monde, encore de nos jours. Un rêve qui, pour l’optimiste que je suis, mérite d’être poursuivi. Selon moi, en effet, cette semaine des vétérans et le jour du souvenir et tous les efforts fournis pour nous permettre de nous de ne jamais oublier leurs sacrifices, leur force et leur courage, ne peuvent que nous aider à aller de l’avant en nous améliorant.

Même si, fondamentalement, les conflits se poursuivent dans plusieurs points sensibles du monde. D’ailleurs, vous seriez surpris de voir le nombre de guerres contemporaines qui font encore rage dans le monde tous les jours. En voici un aperçu.

À mon avis, néanmoins, le fait d’avoir conscience et d’avoir au moins une majorité de la population mondiale sensibilisée aux conflits et à ses répercussions ne peut que nous rassembler dans des actes solidaires. Pour en être convaincu, il n’y a qu’à lire, par exemple, l’histoire du capitaine Tom Moore, 99 ans et ancien vétéran de l’armée britannique. Il a réussi à récolter plus de 5 millions d’euros pour soutenir les soignants du NHS (National Health Service) au Royaume-Uni. Article disponible ici.

Même encore de nos jours, ces vétérans, aussi âgés soient-ils arrivent encore à nous prouver que la générosité, l’entraide et la solidarité sont les clés d’un monde qui ne peut qu’aller mieux.

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